Communiqué de la coordination des opposants à l’A45
La coordination des opposants à l’A45 se félicite que les autorités reconnaissent enfin qu’il existe des scénarios alternatifs à la construction de l’A45. En faisant savoir qu’il travaille sur un plan B, le préfet de région met à mal la stratégie des partisans de l’A45 qui, en dépit du bon sens, ne cessait d’affirmer qu’il n’y avait pas d’alternative à l’A45. Non prioritaire, inutile et destructrice des territoires concernés, l’A45 doit être abandonnée, la déclaration d’utilité publique abrogée et les financements prévus doivent aller aux alternatives soutenables et aux mobilités de demain.
Depuis des années, les opposants à l’A45 expliquent, études à l’appui, que l’A45, cette deuxième autoroute parallèle à l’autoroute existante entre Brignais (Rhône) et La Fouillouse (Loire), ne résoudra aucun des problèmes de transport actuels et que des pistes alternatives sont à privilégier. Les opposants à l’A45 ne peuvent donc que se réjouir que le préfet de région affirme étudier plusieurs scénarios alternatifs. C’est une bonne nouvelle : les discours combinés de M. Wauquiez, Perdriaux et du président de la CCI, consistant à affirmer depuis des mois qu’ « il n’y a pas d’alternative à l’A45 », s’en trouvent totalement ébranlés. Il existe bien des propositions alternatives sérieuses visant à résoudre les problèmes de transport sur le territoire et inventer une mobilité du quotidien soutenable et appropriée aux besoins réels des populations.
Pour un plan B, mais pas n’importe quel plan B
A en croire les articles de presse, le préfet de région serait en train de déterminer, tout seul – ou avec quelques élus triés sur le volet – ce que serait le contenu d’un plan B à l’A45. La coordination des opposants à l’A45 tient à être très claire à ce sujet : il n’est pas question de substituer à l’A45 un scénario alternatif décidé dans le dos des populations. Il n’est pas question non plus de substituer à l’A45 la construction de nouvelles infrastructures autoroutières qui conduiraient à mettre plus de voitures et de camions sur les routes.
Le problème est à ce jour mal posé : il ne s’agit pas de remplacer l’A45 par de nouvelles infrastructures, mais bien de réfléchir à un projet de territoire fondé sur des mobilités soutenables du point de vue agricole, écologique, économique et social. Le plan B ne peut se réduire à rénover l’A47, construire de nouveaux ponts et développer le réseau ferroviaire. Comment procède-t-on pour réduire les besoins de mobilité quotidienne ? Pour rapprocher les lieux de travail des lieux d’habitation ? Pour relocaliser les lieux de production et développer les consommations de produits locaux ? Pour installer de nouveaux paysans en mesure de fournir les populations en produits de qualité et respectueux de l’environnement ? Pour réduire les émissions de gaz polluants et protéger la biodiversité et les espèces menacées ?
Ces questions et ces défis doivent être au cœur d’un vaste débat public, seul à même de définir les contours d’un plan B qui se substituerait à l’A45.
Le projet d’A45 est une aberration du siècle passé, où aligner les kilomètres de bitume servait de seule boussole aux politiques « d’aménagement du territoire » définies à l’abri des regards. Les temps ont changé. Les priorités aussi. Pour la coordination des opposants à l’A45, il n’est pas question de rester prisonnier de ces logiques dépassées et dangereuses.
Pour définitivement tourner la page de l’A45, la coordination des opposants appelle le gouvernement à ne pas signer le projet de décret et à abroger la Déclaration d’utilité publique de 2008. Elle appelle également les autorités, avant toute publication d’un éventuel plan B, à organiser le vaste débat public évoqué par le rapport Duron pour les années 2018 et 2019. La Loi d’orientation sur les mobilités, qui pourrait être présentée au Conseil des ministres courant mai, ne saurait trancher un débat qui n’a pas eu lieu.
Nos territoires méritent mieux qu’un plan B défini en catimini par les services de l’Etat.
Saint-Jean de Touslas, le 25 avril 2018